mercredi 4 mars 2009

Mercredi 4 mars : Position du collectif

Position du Collectif sur l'état des négociations et le maintien de la mobilisation

1- Grâce à la mobilisation du peuple martiniquais, nous avons obtenu satisfaction sur les points suivants :

- Baisse des prix d’un maximum d’articles de 100 familles de produits
- Baisse des prix des carburants
- Augmentation de l’AL (Allocation Logement alignée sur la France)
- Gel des loyers HLM (annulation de l’augmentation de Janvier)
- Contrôle de la formation des prix
- A défendre par les élus : l’Allocation d’Autonomie Spécifique pour les jeunes de 18 à 25 ans

2- Aujourd’hui, le maintien de la mobilisation est indispensable pour faire aboutir RAPIDEMENT les points, toujours en cours de négociation :

- Liste des articles sur lesquels portera la baisse de 20%
- Conclusion des négociations sur les bas salaires
- Augmentation des retraites et minimas sociaux
- Baisse des prix de l’eau, du gaz, de l’électricité, de la téléphonie, d’internet, des matériaux de construction, des pièces détachées, des transports
- Tarif préférentiel du transport pour les étudiants, chômeurs et handicapés
- Annulation des agios et autres frais bancaires durant la grève
- Embauche des compétences martiniquaises en priorité
- Blocage des postes vacants pour les jeunes martiniquais contractuels et vacataires dans l’éducation
- École adaptée aux réalités martiniquaises

RESTONS MOBILISES pour obtenir immédiatement un maximum d’accords sur ces points, dont les modalités d’application pourront être précisées ultérieurement en commissions.

Auteur: Domandco


lettre ouverte de l'association Gwanaval



Sé pou la (Viktwa ?) nou ka alé !

MISE AU POINT !

L’association Gwanaval s’est très tôt portée solidaire et même partie prenante du mouvement du 5 février par le biais de multiples « Déboulé Kont Pwofitasyon » (dès le 6 février) mais aussi par son implication dans l’animation des manifestations quotidiennes depuis bientôt trois semaines. En totale cohérence avec notre démarche nous avons fait faire un tee-shirt spécifique « Kont Pwofitasyon » sur lequel n’apparaît aucun sponsor. Mieux, nous avons fabriqué une banderole « Déboulé Kont Pwofitasyon » sur laquelle n’apparaît même pas le nom du groupe, et nous avons systématiquement refusé de brandir notre étendard puisqu’il s’agit, avant tout d’adhérer à un mouvement populaire et non d’utiliser un tremplin, une vitrine commerciale ou politique à l’échelle du Pays.

Nous avons répondu à toutes les sollicitations des uns et autres, des collectifs de lycéens aux syndicats sans jamais rechigner…bien au contraire ! Nous avons même solliciter un plus large rassemblement des orchestres de rue de la Martinique et saluons la belle initiative de Matjilpa ainsi que l’engagement remarquable de Tambou Bô Kannal…mais encore trop nombreux dans ce pays aiment à cultiver leur différence ou se refusent de voir en cet événement historique un levier suffisamment puissant pour surmonter, dépasser les différences l’instant d’une communion.

De notre engagement ; cohérence et conséquences…

Tous ! Non, si quelques uns n’avaient pas fait corps nous n’aurions pas pu surmonter cette épreuve physique…tous les jours à fondre nos chairs et nos cervelles dans le bitume de Foyale. Matjilpa, Moov’, Alliance 972, Plaisir Caraïbe, Difé an la-ri-a, Gwanaval se sont tous retrouvés les mêmes jours, aux mêmes endroits, à la même heure, sans bannière, au service du peuple et du collectif… Que les commentateurs et les donneurs de leçons sachent que tous ces groupes qui se sont engagés se sont dénudés de tous sponsors et se retrouvent parfois en rupture de contrat, du fait de leur engagement, alors que les frais de préparation du carnaval ont été engagés depuis le mois de novembre… « Sé pa an kannaval ! ».

Nous avons, à notre niveau, annulé la manifestation nocturne (Bet a fé Parade) du 7 février que nous organisons conjointement avec MOOV’ et très tôt, nous avons proposé à la ville de Fort de France (par le biais de la Mission Carnaval) de repousser le Carnaval 2009 en juillet, en amont ou en aval du carnaval de Sainte-Lucie (19 au 21) afin d’offrir la possibilité d’une communication commune, mais compte tenu de la situation du moment, de maintenir un ESPACE D’EXPRESSION POPULAIRE LIBRE mais sécurisé qui se substituerait aux jours gras. Propos que nous avons réitérés lors de la réunion du mercredi 18 février avec la mairie de Fort de France et les différents acteurs du carnaval, qui n’avaient jusque là pas été formellement consultés ! Il s’agissait pour nous ainsi, d’éviter, de proscrire toute communication Carnaval 2009, puisqu’il serait reporté, mais surtout de faire confiance aux associations engagées dans le carnaval, et forcément militantes, puisque ASSOCIATION, et au peuple lui-même qui n’aurait pas manqué de combler ce vide par sa féconde imagination ; d’en faire la caisse de résonance d’un mouvement qui pour durer et vaincre a puisé sa ressource dans l’adhésion populaire massive et continue. Nous regrettons, à ce titre, les propos de certains syndicats de police qui par la nature de leur fonction dans la cité auraient pu garder raison et communiquer leurs inquiétudes, certainement justifiées, autrement, plutôt que d’étinceler la situation par la fracassante annonce de leur « incapacité à assurer la protection des biens et des personnes… »
Il ne faudrait donc pas, par ailleurs, demander le respect d’un côté et reproduire cette relation infantilisante de l’autre par le dictat et les préjugés.
Mais enfin qui sommes-nous ? Est-ce que pour que notre discours soit entendu, nous faut-il nous contraindre à des postures et des attitudes simiesques ?
Nous avons donc maintenu notre mot d’ordre durant les jours gras ; soutien au mouvement du 5 février en matinée et « Déboulé Kont Pwofitasyon » lundi et mardi (gras) après-midi….et bien sur au-delà de ces dates si la situation l’exigeait. Nous demeurons fermement mobilisés aux côtés du Collectif, même après les manifestations de rue !

Du carnaval des autres…à l’expression d’une conscience (nationale ?)…
Beaucoup de choses ont été dites ces derniers temps au sujet du Carnaval.
Beaucoup trop de commentaires, qui souvent exprimaient des convictions, affirmaient, voire cristallisaient des positions, jusqu’à se figer, à devenir sourd à toute réflexion.
Personne ne peut ici s’ériger en donneur de leçon.
Personne n’est certain que l’immense espoir qui né le 5 février 2009 fera œuvre, ouvrira le chantier, la construction, mieux, la maïeutique d’un peuple, d’une nation ! Mais tout le monde est conscient que chaque pas que nous faisons aujourd’hui, et que nous ferons dans les prochains mois sera un élément essentiel de la nouvelle architecture de notre pays.

Il ne s’agit donc pas, et il est à espérer qu’il en soit ainsi, que nous n’invoquions pas révolution, puisque révolution n’est qu’un renversement de situation, un retour à l’ordre premier, le dictat mélancolique ou chimérique des années perdues se substituant à la « Pwofitasyon », mais bien d’une Naissance.
Plus de deux siècles de gestation ! C’est l’une des plus courtes et des plus complexes de l’Histoire des Humanités.
Cette naissance ne peut, ne doit souffrir d’aucune infirmité. S’il ne s’agit que de pouvoir d’achat, s’il ne s’agit que de « gagner plus » pour consommer plus et se consumer davantage, nous ne serions alors que le vomi d’une plaie suintante des funestes râles d’un système agonisant, coupable de crimes contre l’humanité. L’économie et l’entreprise capitalistes, davantage encore quand elle sont post-coloniales, ne peuvent en aucun cas être le cœur de vie d’une société humaine car complètement étrangères, par nature, à l’éthique et à la justice. Evidemment, nous évoquons là un projet humaniste au centre duquel l’Homme et son environnement, et non le profit, seraient l’unique préoccupation de la Politique et des politiques !

Si nous voulons éviter les infirmités, les malformations de croissance, voire l’extinction, il nous est fait devoir de considérer tous les éléments constitutifs, vitaux, de cette nouvelle humanité… métissée évidemment, sans exclusion, loin des communautarismes (celles chères à celui qui, du sommet de l’état, bafoue chaque jour le deuxième acte du triptyque bâtisseur de la patrie des droits de l’homme) qui n’ont pas leur place dans nos sociétés créoles…synonymes ici de métissage(s), de partage et de fraternité.

La culture et l’éducation sont les piliers de ce temple sacré !

D’une identité vécue et non proclamée…
Permettez-moi de revenir et de vous interroger sur la symbolique du moment culturel le plus profond et fédérateur de notre pays ; le Carnaval !

Comment ne pas saisir l’opportunité historique qui nous est offerte ici d’inscrire une fois pour toute notre identité, et par voix de conséquence, notre culture, au cœur de notre existence, de nos existences ?

Le dernier martiniquais serait-il mort en avril dernier, et avec lui son peuple ?
Nous n’avions pourtant, en ce temps si proche, cure du regard de l’autre quant à l’expression, fut-t-elle apparemment joyeuse (voir traditions africaines du passage d’un monde à l’autre), de l’amour que nous MANIFESTIONS pour le fils de notre terre…le père, sinon de notre nation, de notre conscience nationale…
Mais qui a cru, un seul instant, ici, sur notre terre, que nous fêtions ? Ne sommes-nous donc pas débarrassés de ces chaînes, de ces costumes, de ces masques d’ailleurs sur nos peaux noires, jaunes ou blanches mais assurément dépositaires ou fécondes d’une nouvelle ère ? Oui ! Fiers nous sommes, et méprisants du regard moqueur de nos assaillants car ce sont aussi nos différences qui nous font peuple ! Le cri pour la Victoire prend alors tout son sens ! Celle de tous et non de quelques uns ! Même celle des Professeurs d’Histoire qui las de la lire manifestent leur incurie à la VIVRE ! Le mouvement du 5 février a l’immense mérite d’avoir libéré la parole, la parole peuple ; digne, belle, fière et lucide ! Héritière des Césaire, Fanon, Glissant, elle exprime le sens de notre Histoire et nous projette dans notre existence commune.
C’est aujourd’hui que, tous ensemble, nous devons prendre la plume de cette Histoire et tracer sur ces feuilles pleines d’espoir un nouvel acte d’un pays réconcilié, courageux et sans haine du passé, résolument tourné vers des lendemains dignes et fraternels !
Eric MENIL

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